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Lors de l’édition 2023 du Forum Entreprendre dans la culture, des experts de diverses professions se sont rassemblés lors d’une table ronde pour réfléchir à l’avenir des industries culturelles face à l’émergence de l’intelligence artificielle.
La table ronde animée par Valentin Schmite, co-fondateur d’Ask Mona, a opposé les visions des professionnels de la culture directement impactés par ces changements. Voici leurs conseils pour adapter les métiers de la culture aux innovations technologiques récentes.
Comment faire de l’art avec l’intelligence artificielle ?
Justine Emard, artiste plasticienne et vidéaste, a une approche unique de la collaboration entre l’artiste, la science et la machine. Pour elle, le travail artistique avec une intelligence artificiel repose sur un apprentissage mutuel. Ses œuvres cherchent une correspondance entre nos perceptions du vivant et de la mécanique. Sa dernière installation, Neurosynchronia, décode les états cérébraux pour générer des images. Dans son travail, Justine Emard est attentive aux responsabilités environnementales et aux dimensions d’exploitation humaine qu’entraine le numérique.
Ses conseils pour les artistes qui souhaitent utiliser l’intelligence artificielle :
- Pousser l’expérimentation pour ouvrir les imaginaires
- Choisir ses outils et son centre de donnée de façon responsable
- Travailler dans le moment présent et s’autoriser la créativité
« En école d’art, on apprend à incarner sa pensée dans le médium qui la met en valeur. »
Justine Emard
Saviez-vous que les images de cet article ont été générées par intelligence artificielle ?
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Comment générer des contenus dans les industries culturelles ?
Matthieu Parmentier, Directeur de France TV Access, est convaincu que l’intelligence artificielle doit entrer au service de l’accessibilité. Chez France TV Access, il dirige une équipe qui automatise le sous-titrage des contenus télévisés. Les contenus France TV sont également analysés par intelligence artificielle pour identifier les points de montage, les meilleurs arrêts sur image ou encore faciliter la traduction.
Ses conseils pour automatiser la génération de contenus :
- Le service public doit fournir la transparence et l’explicabilité de ses modèles d’intelligence artificielle afin de conserver sa crédibilité
- Valoriser les jeux de données existants détenus par les institutions
- Favoriser l’éducation de la jeunesse tout en lui laissant la place d’expérimenter
« À l’heure où un tiers des audiences consomme le sous-titrage, sa génération accélère la diffusion des contenus pour toute la population. »
Matthieu Parmentier
Automatiser la génération de contenu permet d’amplifier leur accessibilité.
Découvrez comment mettre l’intelligence artificielle de Chat GPT au service de votre institution culturelle :
Comment répondre aux inquiétudes de remplacement par l’intelligence artificielle dans la culture ?
Matthieu Beauval est responsable accélération et partage de l’innovation chez Radio France. Dans le cadre de sa profession, il surveille les impacts éthiques de la génération artificielle de contenu sur le travail des rédacteurs. Les gains de productivité obtenus par l’usage d’agents conversationnels du type Chat GPT peuvent selon lui mener au choix de licencier des rédacteurs. Il cite la déontologie de Radio France comme un usage éclairé de ces outils : les tâches laborieuses sont écourtées au bénéfice du travail créatif. Matthieu Beauval est d’avis que les métiers de la création ne vont pas disparaitre, mais bien se transformer.
Ses conseils pour valoriser le travail créatif :
- Accueillir les changements avec curiosité
- Freiner les réactions catégoriques
- Favoriser la coopération internationale par la mise en place de réseaux d’experts
- Créer des chartes de déontologie et surveiller leur application quotidienne
« On ne remplace pas les gens, on déploie des outils à leur hauteur. »
Matthieu Beauval
Découvrez comment le Château de Chillon a automatisé les tâches laborieuses de ses équipes pour mieux valoriser leur créativité.
Comment se former aux enjeux de l’intelligence artificielle ?
Divina Frau-Meigs est professeure d’éducation aux médias à l’Université Paris-Sorbonne Nouvelle, ainsi que Présidente de l’organisme de formation Savoir Devenir. Elle explique qu’aujourd’hui l’éducation aux médias intervient en aval par rapport à leur consommation. Le déficit numérique des agents de la culture crée une peur du remplacement par l’IA, qui est renforcée par la couverture médiatique anxiogène. Pour Divina Frau-Meigs, il s’agit de revenir aux fondamentaux en identifiant les motivations des différents usagers de l’intelligence artificielle. Elle appelle notamment à soutenir l’ingénierie réversible afin de distinguer les opportunités des risques.
Ses conseils pour un usage éclairé de l’intelligence artificielle :
- Varier les outils pour enrayer la montée en puissance des grandes entreprises
- Exiger des labels pour assurer la transparence des contenus
- Entamer des poursuites judiciaires si besoin
- Maîtriser nos requêtes à l’IA pour encadrer son entrainement
« Il faut préparer l’éducation de l’intelligence collective. »
Divina Frau-Meigs
Pour étendre votre connaissance de l’innovation culturelle, découvrez le podcast Culture & Stratégie par Ask Mona.
Comment réguler les usages de l’intelligence artificielle ?
Juliette Félix est avocate au Cabinet Herald. Elle se spécialise en droit des médias, de la propriété intellectuelle et des nouvelles technologies. D’après Juliette Félix, l’avenir de la régulation des intelligences artificielles se fera en premier par l’évaluation de leurs risques. Cela est déjà observable dans le projet de législation de l’Union Européenne pour 2026, qui cherche à établir un contrôle de la donnée en amont des phases d’entrainement. La gouvernance des données d’alimentation, la surveillance humaine des résultats et la transparence des modèles sont les paramètres clés de la régulation de l’intelligence artificielle.
Ses conseils pour assurer l’encadrement législatif de l’intelligence artificielle :
- L’opt-out, l’exception selon laquelle les ayants droits doivent se manifester pour empêcher l’usage de leurs contenus, doit être connu et appliqué
- La documentation technique des modèles doit être communiquée par les entreprises
- Les utilisateurs doivent être correctement informés des conditions d’usage
« La génération massive de contenus est l’inquiétude centrale : c’est une question de volume. »
Juliette Félix
Écoutez l’interview donnée par Marion Carré, Présidente d’Ask Mona, pour Europe 1 au sujet des cadres éthiques et politiques de l’intelligence artificielle.
Pour conclure la table ronde, Valentin Schmite de Ask Mona a synthétisé le potentiel de l’intelligence artificiel en citant Nietzsche : »Il faut avoir du chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse ».
Pour découvrir comment Ask Mona dompte cette étoile qui danse, regardez l’intervention de Marion Carré aux côtés de la Ministre de la Culture Rima Abdul-Malak lors de l’événement France 2030 pour la culture.
